DEUXIEME PREDICATION DU POPE BOGOMIL
Je ne suis pas venu, frères, vous enseigner morale,
je suis venu me confesser.
Car la meilleure morale –
c’est le voisin avec ses péchés.
Je ne suis pas venu vous donner du pain,
je vous porte révélation: vous avez faim.
Je ne suis pas venu vous donner la liberté,
je vous donne à saisir qui vous êtes: esclaves.
Et je ne porte pas la lumière,
mais le vent.
N’ayez pas peur du vent.
Le vent craignent ceux qui sont contents –
ceux qui veulent que les choses restent
jusqu’à la fin comme maintenant:
Que la pluie fertilise toujours leurs champs,
Que le soleil vivifie sans cesse leur terre,
Qu’au dessus leur tête ne tombent jamais des orages et des tonnerres,
Que les eaux noires ne montent guère
jusqu’à leurs habitations.
Mais vous, vous n’ayez pas peur du vent.
Il pousse les bas et les gris nuages faisant de l’air.
Et dans le sein de ces nuages
Sont enfouis les déluges du renouveau. Et les éclairs.
Frères, je suis venu me confesser –
Moi, je suis vent et je veux aussi
vous transformer en vents – sinon
vous resterez jusqu’au bout des tristes opprimés
sans même en avoir conscience.
(Et devant ses disciples):
A vous je parle de cette manière:
La voie la plus rapide et difficile vers la liberté
Est de vous soumettre.
Trouvez le plus méchant maître pour le servir, et tous se désirs
accomplissez-les en laquais dociles.
Alors de jour en jour votre coeur sera grand ouvert pour la liberté.
Et quand vou sentirez que votre maître
est devenu esclave – quittez-le avec beaucoup de pitié.
/Traduction Lydia Denkova/